Marc a cédé - suite (F)

ladron fr (48)

27/7/2010 20:30

Lad, je le tiens et pas à peu près. Avec ma double prise à la tête, il est paralysé. Coincées, ses épaules avec mes bras sous ses aisselles. Tordue, sa nuque avec mes mains croisées sur son cou. Son dos, et bien, mes pectoraux le massent. À peine peut-il bouger des jambes. Et encore. Un peu de patience, et Lad se rend. Que je pense. Il a réussi à me renverser sur le dos. Il cherche à m’avoir à l’usure en bougeant sans cesse, en me faisant porter son poids et en écrasant mes reins. Malgré tout, je maintiens le double nels même si je dois me reprendre à trois reprises pour immobiliser ses jambes avec un ciseau.

Pendant un moment, je crois que ça y est. Il fige. Puis, sans que je vois venir le coup, Lad lève ses jambes au-dessus de lui, les passe par-dessus ma tête et dépose ses pieds au sol. Ce truc de gymnaste me scie en deux : au propre comme au figuré. Je ne contrôle plus maintenant que ses épaules, à peine le cou. Je respire mal. Une situation inextricable. Pour moi. Dois-je abandonner ? Après tout, ce match de lutte improvisé pourrait être repris plus tard dans de meilleures conditions, chacun ayant le temps de se préparer. Qu’est-ce que j’ai à perdre en abandonnant ? Fair play, gentilhomme, Lad m’accorderait sûrement une revanche.

Céder, moi, Marc ? Non, certainement pas. Pourquoi lâcher maintenant ? Ce premier combat avec Lad me stimule. Plus fighter que je ne l’aurais crû, ce Lad. Alors pourquoi lâcher ? Non, battons-nous jusqu’au bout. Que le meilleur, le plus fort, le plus habile l’emporte. Un seul moyen pour moi de m’en sortir : renverser la situation. Je rassemble mes forces, puis en prenant une grande respiration, j’élance mes jambes vers l’arrière. Ça passe ou je casse ! Ça passe. Je me retrouve, étendu de tout mon long sur Lad, que je tiens toujours avec le double nels. Lad s’écrase, son menton mange la claque. Rapidement, je m'asseois sur ses reins. J’abandonne le double nels, inutile dans cette position. Aux poignets, je saisis ses bras, que je ramène l’un contre l’autre en prenant soin de soulever le haut de son corps. Lad rame à l’envers du bon sens. À l’entendre souffler, hahaner, je sais que je le maîtrise. Retour à la case départ : je le tiens. Toujours le silence règne entre nous.

Puis, ayant besoin d’une pause, je laisse Lad retomber au sol, c’est-à-dire sur le matelas. J’ai besoin de respirer de l’air frais. Lui de refaire ses forces. S’il lui en reste, bien sûr. Je me lève et ouvre la fenêtre. J’ai juste le temps de me retourner pour voir ce que Lad fabrique qu’il m’empoigne à la taille et me soulève de quelques pouces. Je ne porte plus à terre comme on dit. Fort comme un boeuf, cet ours mal léché. S’il continue, il va me briser le dos. Je suis épuisé et sa résistance commence à me peser. Soudain, je me souviens d’une contre-prise qu’un ami amérindien m’a enseigné : je place une main sur sa bouche, et avec l’autre, je presse son cou. Merci Steeve, je te revaudrai ça. Ses organes respiratoires bloqués, Lad lâche prise.

Je retombe sur mes pieds. Sans attendre, je le prends de revers et le ceinture à la taille. Sans attendre, Lad me donne un coup de coude dans l’estomac. " Eurk ! " que je dis. Sans attendre, Lad me prend de revers et me ceinture à la taille. Woups ! Sans mot dire, Lad change de stratégie. Maintenant, tout en se repliant légèrement sur lui-même, il place un de ses bras entre mes deux jambes, il enserre mon cou entre son avant-bras et son bras en repliant le coude. Puis, il se redresse lentement, écarte les jambes, mon dos repose sur ses épaules.

Tabarnacle, LAD ME LÈVE. Je fixe ce maudit plafond que j’aurais dû repeinturé depuis au moins deux ans. Sa laideur me saute aux yeux.

LAD ME LÈVE, tabarnacle. Et je ne peux rien faire ! Lad, je le constate, jubile. Il me branle de gauche à droite sur ses épaules, et moi je ne peux que battre des pieds et des mains. Avoir sû, j’aurais abandonné quand l’occasion se présentait. J’en aurais été quitte pour une revanche. Je n’aurais pas perdu la face comme ça.

Lad finit par s’écoeurer de transporter un sac de patates. Il me projette au centre de l’arène, sur ce maudit matelas où tout a commencé. Heureusement, que je n’ai pas lésiné sur la qualité (du matelas) : heurtant le sol, je rebondis.

Lad affiche un sourire, les mains sur les hanches et les muscles de son torse sont gonflés à bloc. C’est trop. Je suis EXCÉDÉ.

Je me relève et me dirige vers lui. Jusqu’ici le combat s’est prolongé, l’un maîtrisant l’autre jusqu’à ce que l’autre renverse la situation à son avantage. Pas de coups bas, pas de coups à la tête, de la lutte à la loyale entre deux mecs qui testent leur force.

Maintenant, je suis devant lui. Qu’est-ce que tu veux, mes mains partent tout seul. Je lui pilonne l’abdomen.

"Ah !" qu’il dit ; "Eh !" qu’il dit "Hi !"qu’il dit ; "Ho !" qu’il dit "Hu !"qu’il dit ; "Ouf !" qu’il dit, après réception de chacun des coups. Ses épaules s’affaissent, ses genoux plient . D’une main sur un de ses bras, je saisis Lad. Je le retourne et place mon dos contre le sien en passant mes mains et mes bras sous ses aisselles. Nous sommes maintenant dos à dos et je tente de le faire culbuter par en avant. Il bloque la manoeuvre en coinçant ses jambes entre les miennes. Je me reprends. Encore une fois, je parviens à le soulever sur mon dos, mais au moment où je pourrais le basculer, il bloque la manoeuvre avec ses jambes. Non seulement, il la bloque, mais il tente de me projeter lui-même vers l’avant. Comme nos forces s’égalent, il ne réussit pas plus que moi. Crucifiés l’un sur l’autre, on attend.

C’est alors que je me souviens de la position du Lotus de mon cours de yoga. Avec Lad, toujours harnaché sous mes aisselles, ou moi sanglé aux siennes, je ne sais plus trop, je me laisse - comme ça - tomber au sol, les jambes croisés. Lad me suit dans ma chute. Moi, j’atterris sur mes fesses, Lad, lui, est au-dessus de ma tête, ses épaules, son dos appuyés sur les miens. Lentement je fais glisser ses épaules, puis son dos sur ma tête, me servant de celle-ci comme d’une glissoire. Je laisse tomber le haut de son corps vers le sol. Voilà, la tête et le torse de Lad sont maintenant face au tapis. Puis, lentement, je déplie mes jambes et me relève. Je croise mes bras sous les genoux de Lad qui se trouve plié en deux, le torse face au sol, ses jambes entre mes bras.

Je m’accroupis à demi, les genous pliés, mes fesses au-dessus du dos de Lad et je tiens toujours ses jambes entre mes bras. Pendant quelques minutes, je fais quelques flexions, histoire de vérifier la souplesse de mes jambes, et par ricochet, la souplesse des abs de Lad. Plié en deux, les pattes en l’air, la face à terre, le ventre qui menace de s’ouvrir sous la pression conjointe de mes bras et des mes jambes, Lad est, cette fois, bel et bien sous mon contrôle. Il doit regretter de s’être empêtré les pieds dans un matelas ! Je le fais souffrir un peu en ramenant vers moi ses jambes, tout en ployant les miennes. La vengeance du sac de patates, que je me dis, à Lad. Je pense qu’il comprend la satisfaction que j’éprouve. Je le plie, mais fair play, comme depuis le début, je ne le casse pas.

Tiens, Lad bouge : derniers soubresauts de l’agonie avant la mise en mort que je me dis en me rappelant ces mots d’un auteur anonyme. Lad s’appuie sur ses deux mains et, dans un ultime push up, tente de se relever. Manque de pot, il s’affaisse. Le combat tire maintenant à sa fin : je m’accroupis encore plus, mes fesses frôlent le dos de Lad pendant que je ramène ses jambes vers moi. Plié en deux, Lad va-t-il rompre ? Un "Ah ! Ah ! Ah ! Ah Ah" sonore traduit son désarroi. Puis, un "Assez, Marc, Assez", vient mettre fin à ce combat imprévu et imprévisible avec un Lad dont je connaissais pas l’instinct de gladiateur. A ce stop abdicateur clairement exprimé, je m’incline. Il était temps.

S’il veut une revanche, il l’aura, il l’a bien mérité. Comme Lad le dit si bien « il n’y a que lui qui peut prendre cette décision, ce choix de se faire humilier » ... une autre fois ! Et la lutte, même en ligne, c’est un sport qui se pratique à deux, que je lui dis, moi, Johnny ****, alias Marc pour les besoins de ce récit.

Johnny

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